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Cérémonie des plaques, allocution du 11 février 2021

vendredi 5 mars 2021 par uladmin

Au nom de l’UNION LOCALE DE NANTES, nous vous remercions de votre présence.

Nous sommes réunis aujourd’hui, comme chaque année pour rendre hommage à nos 181 camarades tombés pendant la seconde guerre mondiale sous le joug de la barbarie nazie. Camarades dont les noms figurent sur ces plaques.

Dès 1942, les actes de résistance se multiplient en Loire Atlantique. Malgré une première vague d’arrestation à l’été 42, le réseau se reconstitue et les actions reprennent en novembre.

Avec la collaboration de Vichy, l’occupant nazi traque et réprime sans cesse les résistants, les francs-tireurs et les partisans nantais. L’objectif est de terroriser la population tout en discréditant les femmes et les hommes qui ont fait le choix de la guérilla et de la lutte armée. La répression envers les francs-tireurs et les partisans nantais s’intensifie jour après jour.

La référence nazie en matière de représailles reste la sinistre prise des 50 otages de 1941. Cette année-là, suite à l’exécution d’un colonel allemand à Nantes par un commando de la Résistance, les nazis donnent l’ordre de fusiller 50 otages : ce sont 48 résistants dont de nombreux militants syndicaux qui perdront la vie.

C’est dans ce contexte de répression extrême que le 15 janvier 1943, le tribunal militaire de la feldkommandantur inculpe 45 hommes et femmes pour assassinat, complicité d’assassinat, activité communiste, intelligence avec ennemi de l’Allemagne...

Le 28 janvier, 37 de ces résistants sont condamnés à mort : ils seront fusillés de janvier à mai 1943.

Un nouveau réseau sera créé et son démantèlement aboutira au “procès des 16” en août 43.

Durant ces années de guerre et d’occupation, avec 331 fusillés et près de 900 déportés politiques, la Loire Atlantique a payé un lourd tribut. Grand nombre d’entre eux étaient des militants de la Cgt. Pour beaucoup, l’issue sera la torture, la déportation, la mort.

Ces deux plaques, initialement posées en 1948 sur les murs de la bourse du travail, ont trouvé leur place, depuis 2010, sur les murs de l’actuelle Maison des Syndicats.

On peut lire sur ces plaques : “l’union Locale des syndicats confédérés de Nantes en hommage à ses martyrs victimes de la barbarie nazie”.

181 noms y sont gravés. Mais attention, il ne s’agit pas que de noms. Ils étaient des gens ordinaires, des femmes, des hommes souvent très jeunes. Ils ne doivent pas être oubliés.

Certains d’entre eux, étaient des proches ou des aïeuls.

Le nom de mon grand-père figure sur ces plaques tout comme celui du grand père de Jean-Philippe. Nous avons appris il y a deux ans qu’ils avaient lutté ensemble, qu’ils s’étaient fait arrêter ensemble, qu’ils ont été déportés ensemble.

Tous avaient choisis de se lever et de résister.

Ils étaient bien placés, en tant que syndicalistes, pour créer des réseaux de renseignement ou de sabotage dans les nombreuses usines qui travaillaient pour l’armement allemand. Leurs réseaux relationnels servaient à drainer un certain nombre de militants vers les mouvements de résistance. La prison, la torture par la gestapo, l’exécution par fusillade ou par décapitation ou la déportation sans retour dans les camps de concentration nazis fut le terme de leur action de résistant.

Mais leur lutte et leur sacrifice n’ont pas été vains.

L’héritage de leur Résistance marquera durablement la vie politique française A la libération une nouvelle classe politique issue de la résistance, appuyée par une Cgt forte de 5 millions de syndiqués, face à un patronat miné par son comportement lamentable pendant l’occupation, pourra mettre en œuvre le programme du conseil national de la résistance.

Deux ministres communistes et cégétistes y contribueront particulièrement. Le premier, ancien secrétaire de la fédération des travailleurs de la métallurgie, Ambroise Croizat mettra la sécurité sociale en place en à peine 2 ans, imposera les comités d’entreprise, les délégués du personnel et les conventions collectives.

Le second Marcel Paul, dirigeant de la fédération Cgt de l’éclairage permettra la nationalisation du gaz et de l’électricité en créant EDF et GDF.

La mise en place d’un système de protection solidaire de santé et de retraite ainsi que la maîtrise du coût de l’énergie en en faisant un bien commun, aidera la France à se relever des ravages de la guerre. Les grands principes du Cnr aideront également à l’émancipation des Français. N’oublions jamais que le but premier du programme du cnr les jours heureux, était de faire que chacun, jeune, vieux, malade ou bien pourtant puissent vivre dignement afin de ne jamais céder aux sirènes du facisme.

S’attaquer aux réalisations issues du Cnr c’est détruire des digues de protection et prendre le risque d’assister impuissant au retour des idées nauséabondes qui ont mis le monde à feu et à sang il y a 80 ans.

Et pourtant, dès l’après-guerre, par idéologie ou par appât du gain, la volonté de détruire les constructions des travailleurs n’a jamais cessé. Le système capitaliste tentant par tous les moyens de s’accaparer le bien de tous pour satisfaire quelques intérêts privés.

Depuis des décennies, l’idéologie dominante a pour objectif de déréglementer le monde du travail en supprimant les protections obtenues pour les travailleurs, en cassant les services publics et la Sécu, en privatisant Edf Gdf et la Sncf sous couvert de restructuration. Comme si ce qui avait été construit par et pour les travailleurs devait être démantelé et cédé aux intérêts du grand capital.

Le seul but, non avoué, du projet de réforme des retraites, pour le moment suspendu, est de casser le système de répartition. Ainsi les milliards que représentent les retraites seront servis sur un plateau au grandes banques, compagnies d’assurance et fonds spéculatifs.

Cette idéologie, malheureusement dominante, pousse à l’individualisation, à la précarisation et à l’ubérisation de la société.

Des institutions internationales, échappant au contrôle démocratique, comme l’Omc, le Fmi ou les institutions européennes, sont utilisées pour imposer cette vision aux peuples.

Pour marteler cette idéologie, et faire accepter des reformes régressives, les grands médias jouent un rôle capital. La soi-disant loi du marché a permis qu’aujourd’hui tous les grands médias soient dans les mains d’une poignée de milliardaires. Il est ainsi facile de refaçonner une pensée, d’ancrer un fatalisme dans les esprits et de faire ainsi croire qu’un seul modèle est possible.

Un seul modèle étant à défendre, l’Etat peut devenir de plus en plus autoritaire.

Nous voyons depuis des années le durcissement de l’encadrement des manifestations. Les manifestants essuient des tirs de grenade, sont mutilés par des armes non létales, subissent des arrestations “préventives”.

Ainsi, aujourd’hui, des citoyens français n’osent plus exercer leur droit de manifester.

Sournoisement un état de plus en plus liberticide se met en place.

L’épidémie de covid 19 et toutes les mesures l’accompagnant muselle toute opposition. La prolongation de l’état d’urgence sanitaire, les confinements, les couvre-feux, les restrictions de déplacement sont autant de frein à l’activité militante. Nous honorons aujourd’hui des camarades qui ont donné leur vie pour la liberté alors que nous, on nous demande de renoncer à nos libertés pour sauver nos vies.

Dans le même temps, sans contre-pouvoir, le gouvernement, à coup d’ordonnances, s’attaque frontalement au monde du travail. Profitant de l’isolement du fait du télétravail ou des impossibilités de se réunir, le pouvoir en place en profite pour détricoter les droits des travailleurs.

Les Cse ne peuvent plus se réunir correctement, les délais de consultation sont réduits, les droits aux congés payés sont remis en cause, la durée du travail est dans le collimateur, une partie des travailleurs est soumise à l’activité partielle, à l’impossibilité de se projeter de semaine en semaine. Et demain en réponse au chômage massif : le revenu universel pour faire taire les foules en distribuant les miettes du capitalisme ?

Pourtant, l’incapacité de faire face à cette épidémie est bien le résultat des choix économiques passés. C’est bien cette économie néolibérale mortifère, imposant partout des coupes sombres dans les services publics et notamment les hôpitaux qui fait qu’aujourd’hui le monde de la santé n’a pas les moyens nécessaires pour lutter efficacement contre cette pandémie.

Pour ces idéologues la santé est un marché comme un autre. Les traitements et vaccins doivent avant tout enrichir les actionnaires.

Soyons vigilants, les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets.

Comme dans les années 30, période de la montée du fascisme en Europe, le monde étouffe de la spéculation, d’une insuffisance de la rémunération du travail et de l’insécurité de l’emploi. Le monde d’aujourd’hui est à nouveau rongé par le fanatisme et l’extrémiste. La progression se fait sur tous les continents.

La perte de mémoire collective en est la cause. Nos dirigeants en sont les responsables : en s’alliant avec ceux qui, aujourd’hui comme durant les périodes sombres de notre histoire, mettent en avant l’intérêt du capital au détriment de l’humain et de la république.

Il est également inquiétant de constater que partout dans le monde, les budgets militaires sont en hausse et les courses à l’armement relancées.

Rendre hommage aux victimes de tous ces assassinats est donc une nécessité absolue.

Il ne faut pas se contenter d’enseigner les crimes ! Il faut dire qui était ceux qui ont résisté, comment ils l’ont fait et surtout pourquoi ils l’ont fait. Ce n’est qu’ainsi que nous transmettront le devoir de résistance aux jeunes générations.

Pour que toutes oppressions et toutes discriminations soient toujours brisées par une résistance.

Malgré les répressions de plus en plus violentes, une discrimination syndicale de plus en plus accentuée et une criminalisation de l’action syndicale, nous devons continuez, nous syndicalistes et militants à lutter pour l’émancipation des travailleurs. Le meilleur hommage que l’on puisse rendre à nos camarades qui sont tombés pour nous libérer du joug nazi c’est de s’opposer à cette politique néolibérale. Si cette idéologie du tout profit, n’est pas le nazisme ou le fascisme, en se développant sur la misère et les inégalités elle favorise la montée des extrémismes.

Les idées nauséabondes progressent. Que penseraient nos résistants d’une France où le front national est devenu le 2ème parti politique de France ? D’un pays où des journalistes et des enseignants se font tués par des intégristes religieux ?

Le recul démocratique d’un président qui s’est choisi l’extrême droite comme principale interlocuteur à des fins électoralistes et qui gouverne le pays seul avec un conseil de défense à sa botte. Une opposition qui peine à exister et à se faire entendre, un parlement devenu une chambre d’enregistrement. Des ministres qui demandent à des députés, représentant du peuple, de sortir de l’assemblée nationale “s’ils ne sont pas contents”. Sans être constitutionaliste, on nous a appris à l’école que les ministres étaient responsables devant le parlement et non le contraire.

Dans cette période, il appartient aux travailleurs d’imposer leurs préoccupations à l’ordre du jour, de se regrouper pour faire force, de résister à l’oppression capitaliste et aux extrémismes religieux ou politiques qui n’ont pour but que de les asservir ?

Soyons les dignes héritiers des camarades dont les noms honorent cette maison des syndicats.


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