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Cérémonie des plaques, intervention du 12 février 2020

mercredi 12 février 2020 par uladmin

Au nom de l’Union Locale Cgt de Nantes, je vous remercie de votre présence.

Le 15 janvier 1943, s’ouvrait à Nantes le procès dit “des 42”. Ce sont en fait 43 hommes et deux femmes qui seront jugés. 37 seront condamnés à mort.

En 1942, les actes de résistance ce sont multipliés en Loire-Atlantique. Suite à une première vague d’arrestations lors de l’été 42, le réseau est reconstitué et les actions reprennent en novembre.

Avec la collaboration de Vichy, l’occupant nazi traque les résistants et organise la répression contre les Francs Tireurs et Partisans nantais. Ils veulent terroriser la population, disqualifier les hommes et les femmes de la résistance et surtout réprimer sévèrement les Francs tireurs et partisans nantais qui avaient fait le choix de la lutte armée et de la guérilla contre l’occupant.

C’est l’exemple des fortes représailles allemandes de 1941 qui suivirent, après l’exécution d’un colonel allemand à Nantes par un commando de la Résistance. L’ordre de fusiller 50 otages immédiatement s’était soldé par l’exécution de 48 résistants et notamment des militants syndicaux. C’est dans ce contexte de forte répression que le 15 Janvier 1943, le tribunal militaire de la Feldkommandantur inculpe 45 hommes et femmes pour assassinat, complicité d’assassinat, activité communiste, intelligence avec l’ennemi de l’Allemagne...

Le 28 janvier, 37 de ces résistants sont condamnés à mort : ils seront fusillés de janvier à mai 43.

Le démantèlement du nouveau réseau aboutira au “procès des 16” en août 43.

Tout au long de la guerre 39-45, avec 331 fusillés et près de 900 déportés politiques, la Loire-Atlantique a payé un lourd tribut à la répression durant les années d’occupation et de guerre. Beaucoup d’entre eux étaient des militants de la CGT. Pour beaucoup, l’issue sera la torture, la déportation, la mort.

Ces deux plaques, initialement posées en 1948 sur les murs de la Bourse du Travail, ont trouvé leur place, depuis 2010, sur les murs de l’actuelle Maison des Syndicats.

On peut lire sur ces plaques : « L’Union Locale des syndicats confédérés de Nantes en hommage à ses martyrs victimes de la barbarie nazie. » 181 noms y sont gravés.

Il ne s’agit pas que de noms. C’était des gens ordinaires, des femmes, des hommes, souvent très jeunes, qui se sont dressés contre l’innommable. Ils, elles ne doivent pas être oubliés. Pour certains d’entre nous, c’étaient des proches ou des aïeuls.

Il en est ainsi, par exemple, de Jean-Philippe, ancien secrétaire de l’Union Locale de Nantes, dont le grand-père, Vincent MAZAN, est cité parmi ces 181 victimes de la barbarie nazie.

C’est aussi le cas de Philippe, membre de notre commission exécutive actuelle, dont le grand-père, Théophile HUCHET, figure également sur les plaques.

Ils étaient des résistants : des hommes et des femmes de tous âges mais souvent jeunes voire très jeunes. La grande majorité sont mariés, ont un métier, une qualification et une vie de famille.

En tant que syndicalistes ils sont souvent bien placés pour créer des réseaux de renseignement ou de sabotage dans les nombreuses usines qui travaillent pour l’armement allemand. Leurs réseaux relationnels servent à drainer un certain nombre de militants vers les mouvements de résistance.

La prison, la torture par la Gestapo, l’exécution par fusillade ou décapitation, ou la déportation souvent sans retour dans les camps de concentration nazis sont le terme de leur action de résistant.

Leur lutte et leur sacrifice n’ont pas été vains.

L’héritage de leur Résistance marquera durablement la vie politique française. A la Libération, la Résistance, qui devait beaucoup aux salariés et à leurs organisations, permet l’application de l’essentiel du programme du Conseil National de la Résistance.

Ce programme du Conseil National de la Résistance se réalisera notamment par la nationalisation des secteurs clés de l’économie et la création de la Sécurité sociale.

Le programme du CNR prévoit l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie

Tout cela fut possible dans une France ruinée en pleine reconstruction.

Et pourtant, aujourd’hui, alors que les profits sont de plus en plus importants et notre pays de plus en plus riche, nos gouvernants répondent aux exigences du patronat (grand absent de la Résistance dans les années 40) en défaisant méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance.

Depuis plusieurs décennies l’idéologie qui domine a pour objectif de déréglementer les protections pour les travailleurs et les services publics, de casser notre Sécurité Sociale.

Cette idéologie a pris le pas dans nos diverses institutions et s’imposent aux différents Gouvernements.

Elle pousse à l’individualisation, à la précarisation, à l’ubérisation de la société.

Le processus se réalise désormais pleinement, sans complexe, en pleine lumière, avec la présidence Macron et son gouvernement de combat, en marche arrière, union des bourgeoisies de gauche et de droite agissant contre le peuple, au profit d’une oligarchie financiarisée.

Des institutions internationales, échappant au contrôle démocratique, comme l’OMC, le FMI ou les institutions Européennes, sont utilisées pour imposer la vision néolibérale dans le Monde.

Après la contre-réforme de l’assurance chômage, prise en main par le Gouvernement, c’est le projet actuel de réforme des retraites qui a pour but non avoué de casser le système de répartition et d’offrir sur un plateau les immenses sommes représentées par les retraites aux banques, assurances, fonds spéculatifs.

Pour une institution comme Black Rock, les sommes des montants de retraites versés en France peuvent être de nouveaux leviers de rentabilité financière. Il faut harmoniser les systèmes à l’échelle mondiale et le système Français de répartition issu de l’après-guerre n’entre pas dans les plans. Les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets.

Comme dans les années 30 qui a vu la montée du fascisme en Europe, le monde étouffe d’un excès de spéculation, d’une insuffisance de rémunération du travail et d’insécurité de l’emploi.

Aujourd’hui, l’Europe et le Monde sont à nouveau rongés par le fanatisme et l’extrémisme. Ils gagnent du terrain sur tous les continents.

C’est la perte de mémoire collective qui en est la cause, et les responsables en sont nos dirigeants qui s’allient avec les mêmes qui à une période sombre de notre Histoire ont mis en avant l’intérêt du capital, au détriment de l’Humain et de la République.

Le fascisme est un rempart pour le capitalisme.

Ne parle-t-on pas aujourd’hui parfois de libéral fascisme ?

En France même des dérives inquiétantes sont à observer quand un pouvoir de plus en plus déconnecté n’écoute plus son peuple et n’a plus pour se préserver que des forces de l’ordre de plus en plus casquées et des systèmes répressifs de plus en plus poussés.

C’est bien en France que ces derniers temps on a observé des grenades de plus en plus puissantes lancées sur la foule, sans parler du LBD 40.

Ce n’est pas dans la Russie de Poutine ou la Turquie d’Erdogan mais en France qu’on voit des yeux crevés, des mains arrachées, des familles qui n’osent plus manifester.

Et l’on s’est ainsi habitué à ce qui n’aurait pas été toléré il y a 20 ou 30 ans. On ne se pose même pas cette question.

La démocrature dénoncée en Hongrie ou en Pologne ne s’installe-t-elle pas en France, dans l’indifférence générale ?

Il est également inquiétant de constater que partout dans le monde, les budgets militaires sont en hausse et les courses à l’armement relancées.

De l’Europe de l’est à l’Asie du sud est, en passant par le Moyen-Orient, sur le continent Eurasiatique, des lignes de front se mettent en place.

L’Europe, quant à elle, engluée dans des politiques absurdes d’austérité et de dérégulations, aboutira peut-être à l’effondrement de sa propre construction. Rendre hommage à toutes les victimes de tous ces assassinats est aujourd’hui une nécessité absolue.

On ne peut enseigner aujourd’hui l’histoire de ces crimes sans honorer la résistance à ces crimes et sans appeler à résister encore et toujours contre toutes les oppressions et discriminations.

Aujourd’hui encore, trop souvent, les militants CGT dans les entreprises sont des cibles, maltraités par leurs directions, parfois criminalisés. A leur niveau ils sont les résistants d’aujourd’hui.

Aussi, en hommage aux martyrs du nazisme d’hier et aux opprimés du patronat actuel, nous devons continuer les luttes d’émancipation qui sont toujours à mener.

La violence du système capitaliste n’a pas de limite. Elle commence par les ouvriers puis s’étend aux professions libérales. Les avocats peuvent s’en rendre compte qui se retrouvent aujourd’hui à lutter comme les cheminots avant eux.

Les montées actuelles des extrémismes peuvent nous ramener à de très sombres périodes

Il appartient aujourd’hui aux travailleurs, dans la période qui s’ouvre, d’imposer à l’ordre du jour leurs préoccupations, de se regrouper pour faire force, de résister à l’oppression capitaliste et aux extrémismes, religieux et politiques, qui n’ont pour but que de les asservir.

Soyons les dignes héritiers des camarades dont les noms honorent cette maison des syndicats.


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