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Cérémonie des plaques, allocution du 8 février 2018

lundi 12 février 2018 par uladmin

Chers Camarades,

Au nom de l’Union Locale CGT de Nantes, je vous remercie de votre présence. Le 15 janvier 1943, s’ouvre, au Palais de Justice de Nantes, le procès dit “des 42”. En fait, ce sont 43 hommes et deux femmes qui sont jugés.

37 sont condamnés à mort. Il s’agit probablement de l’un des procès les plus meurtriers de l’occupation.

En organisant ce procès spectaculaire l’occupant cherche à terroriser la population et à annihiler chez elle toute volonté de résistance. Par ailleurs, en traitant les Résistants comme des criminels et en les présentant comme des terroristes il s’agit de les couper de tout soutien.

En effet, à partir de 1942, les actes de résistance se multiplient en Loire-inférieure : malgré les vagues d’arrestation de l’été 42, le réseau se reconstitue et les actions reprennent dès novembre.

Avec la collaboration de Vichy et de sa police, l’occupant nazi poursuit sa traque des Résistants et organise la répression contre les Francs Tireurs et Partisans nantais.

Le démantèlement du nouveau réseau abouti, en aout 1943, au “procès des 16”.

Durant les années d’occupation et de guerre., avec 331 fusillés et près de 900 déportés politiques, la Loire-Atlantique a payé un lourd tribut à la répression

Beaucoup d’entre eux sont des militants de la CGT.

Pour beaucoup, la torture, la déportation ou la mort sont au bout du chemin. Devant vous, 2 plaques, initialement posées en 1948 sur les murs de la Bourse du Travail, ont trouvé leur place logique, depuis 2010, sur les murs de l’actuelle Maison des Syndicats.

On peut lire sur ces plaques : L’Union Locale des syndicats confédérés de Nantes en hommage à ses martyrs victimes de la barbarie nazie. » 181 noms y sont gravés

Ces 181 noms ne sont pas que des noms. Ils, elles étaient des gens ordinaires, des femmes, des hommes, souvent très jeunes, qui se sont dressés contre l’innommable. Ils, elles ne doivent pas être oubliés. Pour certains d’entre nous, ce sont des proches ou des aïeuls. Et, à ce moment, je pense particulièrement à Jean-Philippe, notre camarade, ancien secrétaire de l’Union Locale de Nantes, dont le grand-père Vincent MAZAN est cité parmi ces 181 victimes de la barbarie nazie.

Ils étaient des résistants : des hommes et des femmes de tous âges mais souvent jeunes voire très jeunes, la grande majorité sont mariés, ont un métier, une qualification et une vie de famille.

D’une façon générale, en tant que syndicalistes ils sont souvent bien placés pour créer des réseaux de renseignement ou de sabotage dans les nombreuses usines qui travaillent pour l’armement allemand. Leurs réseaux relationnels servent à drainer un certain nombre de militants vers les mouvements de résistance.

La prison, la torture par la Gestapo, l’exécution par fusillade ou décapitation, ou la déportation souvent sans retour dans les camps de concentration nazis sont le terme de leur action de résistant.

Certains se suicident pour ne pas parler sous la torture.

Nous savons maintenant que leur lutte et leur sacrifice n’ont pas été vains. L’héritage de leur Résistance marquera durablement la vie politique française. A la Libération, la Résistance qui devait beaucoup aux salariés et à leurs organisations, permet l’application de l’essentiel du programme du Conseil National de la Résistance. Ce programme du Conseil National de la Résistance se réalise notamment par le vote des femmes, la nationalisation des secteurs clés de l’économie et la création de la Sécurité sociale.

Tout cela fut possible dans une France ruinée en pleine reconstruction. Aujourd’hui alors que les profits n’ont jamais été aussi importants, nos gouvernants répondent aux exigences du patronat « en défaisant méthodiquement le programme du Conseil National de la résistance ». Quelque soient les résultats de la bourse, nous faisons la terrible expérience que ce sont toujours les mêmes qui en pâtissent.

Les déréglementations du travail et la privatisation des services publics ont fait flamber les bourses. C’est le cœur même du système capitaliste qui est en cause.

Comme dans les années 30 qui a vu la montée du fascisme en Europe, le monde étouffe d’un excès de spéculation et d’une insuffisance de rémunération du travail, d’insécurité de l’emploi, terrain fertile du nationalisme. Aujourd’hui, l’Europe et le Monde sont à nouveau rongés par le fanatisme et l’extrémisme.

C’est la perte de mémoire collective qui en est la cause, et les responsables en sont nos dirigeants qui s’allient avec les mêmes qui a une période sombre de notre Histoire ont mis en avant l’intérêt du capital, au détriment de l’Humain et de la République.

Rendre hommage à toutes les victimes de tous ces assassinats, quels qu’en soient les auteurs, est aujourd’hui une nécessité absolue.

Aujourd’hui, en ces temps de destruction de nos conquis sociaux et de criminalisation de l’action syndicale, les salarié(e)s et les syndiqué(e)s CGT qui luttent dans la rue et dans les entreprises contre l’injustice sociale, sont à leurs niveaux les résistants d’aujourd’hui. Aussi, en hommage aux martyrs du nazisme d’hier et aux opprimés du patronat actuel, nous devons continuer le combat contre le capitalisme, l’impérialisme qui permettent à quelques-uns de s’accaparer l’essentiel des richesses produites dans le monde.

Les montées de l’extrémisme religieux et politique, la précarisation du monde du travail, la montée des inégalités et de la misère partout nous ramènent malheureusement aux périodes les plus sombres de notre histoire. Rarement les inégalités n’ont été aussi criantes avec 82 % des richesses créées dans le monde l’année dernière qui ont bénéficié aux 1 % les plus riches.

En France, même, au cours de la période 2012-2016, treize années d’espérance de vie séparent les 5 % des hommes les plus pauvres des 5 % les plus riches.

Chaque jour la situation s’aggrave dans les EPHAD, les Hôpitaux : le manque de considération et de prise en compte des besoins des salariés et des besoins humains des patients sont scandaleux.

A tout cela le gouvernement, dont le devoir serait de tout faire pour réduire ces écarts, répond par la mise en œuvre d’une politique effrénée de casse des protections et des droits des travailleurs et des travailleuses : il y a peu de temps c’était le Code du travail, aujourd’hui c’est l’assurance chômage, le Service public et bientôt on peut le craindre la Sécurité sociale.

A ceux qui s’opposent aux reculs sociaux et qui luttent pour de nouveaux droits, le progrès étant le véritable sens de l’Histoire, s’est ajoutée à la discrimination et à la répression pénale dans les entreprises la répression de la part de l’Etat : les violences exercées par certains éléments de police lors des mouvements sociaux et les poursuites en justice à l’encontre des manifestants sont malheureusement là pour témoigner de cette violence de classe qui s’accroit et ne cesse de nous inquiéter.

Ce gouvernement c’est manifestement le gouvernement des riches, celui du patronat et en particulier du grand patronat

Ce même grand patronat est l’héritier épris de revanche de ceux qui hier, criaient « mieux vaut Hitler que le Front Populaire » et qui durant l’occupation collaboraient ; N’oublions pas que le groupe Collaboration en Loire-Inférieure comptait près de 900 adhérents et que l’on trouvait parmi eux le gratin du patronat local. A ce sujet les salarié(e)s ne sont pas, comme les patrons aiment à nous appeler, des collaborateurs.

N’oublions jamais que nombre d’industriels de l’époque de la Seconde guerre mondiale ont préféré, sur le dos des travailleuses et travailleurs, choisir le camp du profit plutôt que celui de l’humain. Nous n’énumèrerons pas ici toutes les entreprises qui ont collaboré, et elles sont nombreuses : les banques, les entreprises métallurgiques, le BTP et bien d’autres. C’étaient leurs patrons, les collaborateurs. Certainement pas les travailleuses et les travailleurs. Alors, que personne ne nous appelle plus « collaborateurs ». Nous sommes, je l’espère les dignes héritiers des camarades dont les noms honorent cette maison des syndicats.


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